11 avril 2015
Introduction
Le gyromètre – accéléromètre à atomes froids développé au SYRTE a démontré la possibilité de mesurer l’ensemble des axes d’inertie (trois axes de rotation et trois axes d’accélération) avec le même appareil. Il repose sur l’utilisation de l’interférométrie atomique, dans laquelle des ondes de matière sont séparées puis recombinées grâce à des faisceaux lasers. Les ondes atomiques associées à chaque atome suivent simultanément deux chemins séparés spatialement comme les ondes lumineuses dans un interféromètre optique.
Configuration à 3 impulsions
L’interféromètre ainsi créé est sensible à l’accélération suivant la direction de séparation des paquets d’onde atomique et à la rotation autour de l’axe normal à l’aire de l’interféromètre. La sensibilité à la rotation est bien connue en optique photonique sous le nom d’effet Sagnac et est proportionnelle à l’aire physique incluse entre les deux bras. Pour séparer le signal de rotation de celui d’accélération, l’expérience utilise simultanément deux sources d’atomes lancés dans des directions opposées.
Grâce à l’utilisation d’atomes préalablement refroidis dans une mélasse optique (à environ 1 µK) et en plaçant judicieusement des faisceaux lasers dans trois directions de l’espace, il est possible d’avoir accès de façon successive aux trois composantes de rotations et d’accélérations.
- Franges d’interférence des deux sources atomiques
- Franges d’interférences atomiques des deux sources, obtenues dans une configuration verticale. Le contraste des franges est de 30% et le déphasage relatif des deux interférogrammes, induit par effet Sagnac, permet de mesurer la rotation.
Les performances se comparent à celles des technologies standards : accéléromètres à masses mécaniques et gyromètres optiques. En une seconde de mesure, la sensibilité aux accélérations est d’une partie sur vingt millions de l’accélération terrestre (5.10-7 m.s-2) et la sensibilité aux rotations est d’une partie sur trois cents de la rotation terrestre (2.4 10-7 rad.s-1). Cependant, l’intérêt des capteurs atomiques réside dans leur capacité à améliorer cette sensibilité en moyennant le signal pendant de longues durées (plusieurs jours), ce qui est nécessaire pour les applications envisagées : en navigation inertielle, en géophysique (vitesse de rotation de la terre et gravimétrie) ou en physique fondamentale (notamment des tests de la relativité). Les études en cours ont notamment pour but d’étudier les limites de ce type d’interféromètre qui sont liées à la compréhension et à la maîtrise des interactions entre les atomes et les séparatrices Raman.
Configuration à 4 impulsions
- Schéma de l’interféromètre à 4 impulsions
- Schéma de principe d’un interféromètre à 4 impulsions uniquement sensible à la rotation.
L’utilisation d’une configuration à quatre impulsions a démontré la possibilité de mesurer la vitesse de rotation suivant la direction de lancement des atomes, noté ici Ωx, ce qui est impossible dans la configuration classique à trois impulsions. Dans ce cas, l’interféromètre n’est plus sensible à l’accélération mais uniquement à la rotation.
T. Lévèque, A. Gauguet, W. Chaibi, A. Landragin, « Low noise amplification of an optically carried microwave signal : application to atom interferometry », Appl. Phys. B, 101 (4), 723-729, (2010).
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T. Lévèque, A. Gauguet, F. Michaud, F. Pereira Dos Santos, and A. Landragin, « Enhancing the area of a Raman atom interferometer using a versatile double-diffraction technique », Phys. Rev. Lett. 103 (2009), 080405.
P. Cheinet, B. Canuel, F. Pereira Dos Santos, A. Gauguet, F. Leduc, A. Landragin, « Measurement of the sens
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