
31 janvier 2020
Nicole Capitaine, astronome au SYRTE, a été nommée Correspondante de l’Observatoire Royal de Belgique (ORB), dans la lignée de Sir H. Jeffreys, J. Kovalevsky, H. Moritz ou encore P. M. Mathews, concepteur du modèle de nutation actuellement adopté par l’Union Astronomique Internationale. Cette distinction, équivalent de Docteur Honoris Cause, est remise à des scientifiques à la renommée internationale qui, durant une grande partie de leur carrière, ont entretenu une collaboration avec l’ORB.
Véronique Dehant (g.) et Nicole Capitaine (d.) lors de la réception qui a suivi sa nomination.
La cérémonie a eu lieu lundi 19 septembre 2016 à Bruxelles au cours d’un atelier intitulé "Understanding the Earth core and nutation". L’atelier rassemblait les personnalités de la communauté "Intérieur terrestre" incluant ceux qui regardent mesurent la rotation de la Terre et les spécialistes de la géodynamo, théoriciens ou expérimentateurs. Le colloque présentait ainsi les développements récents en termes d’observation VLBI et d’influence du noyau sur la nutation. C’est ainsi qu’une amélioration des mesures de la nutation permettrait de mieux déterminer les mécanismes d’interaction entre le noyau fluide, la graine solide et le manteau, de mieux isoler les contributions provenant de la topographie de l’interface noyau-manteau et du champ magnétique liant les deux entités. Cet enjeu est d’autant plus fort lorsqu’on sait que les variations multidécennales de la durée du jour, qui sont expliquées par la présence d’ondes torsionnelles dans le noyau liquide, sont corrélées avec nombre d’indices climatiques comme la température de surface de l’air et des océans (voir l’étude L. Zotov et C. Bizouard publiée en 2016). La compréhension du lien entre rotation terrestre, Terre interne et climat porte donc un enjeu considérable en ces temps de changement climatique global.
Les écarts entre la nutation observée par VLBI et le modèle IAU 2000A (ici les séries de plusieurs centres d’analyse ; Figure tirée de Gattano et al. 2016). Dans ces écarts finement analysés au SYRTE se cachent les amplitudes et fréquences de résonance associées au noyau liquide et à la graine solide, elles-mêmes fonction des paramètres de déformabilité des interfaces entre manteau, noyau et graine et des valeurs du champs magnétique.
Le SYRTE est de longue date engagé dans ce voyage au centre de la Terre avec les chercheurs, doctorant ou postdoctorant travaillant à l’interface entre astronomie et géophysique. On se souvient notamment du prix européen Descartes 2003 que des chercheurs du SYRTE ont partagé avec plusieurs instituts à travers le monde et avec l’équipe de V. Dehant à l’ORB.
Ce 19 septembre, l’hommage a porté en particulier sur l’organisation par Nicole Capitaine des "Journées Systèmes de référence spatio-temporels" de 1988 à 2014. Les "Journées" constituent en effet un pilier central de la discipline, ayant fédéré fortement une communauté autour des systèmes de référence d’espace et de temps, de la géodésie et de l’astrométrie. Les Actes des Journées, édités directement ou en collaboration avec l’Observatoire de Paris, constituent une mine inépuisable d’informations, de compléments d’études ou d’idées nouvelles. Les Journées ont aussi été le lieu d’émergence et de discussion de nombreux modèles et résolutions aujourd’hui entrés dans les standards de l’UAI.
L’ensemble de la communauté a exprimé le souhait que ces "Journées" continuent car elles sont une occasion unique de rassembler astronomes, géodésiens et géophysiciens en un colloque familial propices aux échanges et à l’émergence de collaborations. Ce à quoi nous nous attelons activement au SYRTE.